Une civilisation au « top » !
Dans cet article, différents chiffres faciles à trouver et à recouper sont utilisés comme autant d’indices de l’état de notre monde en 2015. Ni jugement, ni leçon, ni solution « écolo »…
Aujourd’hui en 2015 il y a sur terre moitié moins d’animaux sauvages qu’il y a seulement 40 ans.
Super, encore un discours écolo bobo ?
Non. Il s’agit du dernier rapport officiel de la WWF conduit sur plus de 10 000 espèces : LIEN
Ce que démontre le rapport : entre 1970 et 2010 : le nombre d’animaux sur Terre a diminué de 52 %.
Et dans le détail :
- Le nombre d’animaux terrestres a diminué de 39 % (- 83 % dans certaines régions)
- Le nombre d’animaux aquatiques d’eau douce a diminué de 76 %
- Le nombre d’animaux aquatiques marins a diminué de 39 %
Oui mais on le sait bien que les lions, les éléphants, les rhinocéros disparaissent à cause du braconnage et tout ça, c’est pas nouveau. Chez nous dans les pays civilisés c’est quand même mieux.
D’après le rapport, la première cause de disparition des animaux est la perte de leur habitat puis l’impact du réchauffement climatique.
Citons également les dernières données du comité français de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) : En France métropolitaine, 9% des mammifères, 19% des reptiles, 21% des amphibiens et 27% des oiseaux nicheurs sont menacés de disparition du territoire. Tout comme 22% des poissons d’eau douce et 28% des crustacés d’eau douce. LIEN
A cela s’ajoute un déclin massif des insectes LIEN :
- Avez-vous remarqué qu’après un trajet en voiture sur l’autoroute votre pare-brise est bien moins sali par les insectes qu’il y a quelques années ?
- Avez-vous vu beaucoup de papillons dans votre jardin ces derniers temps ?
Oui bon mais on n’est pas certain que ce ne soit pas un cycle naturel, ce n’est pas forcément que de la faute de l’homme…
Deux données simples :
- Sur la même période (1970-2010), la population humaine a doublé (3,5 à 7 Milliards).
- Nous n’avons jamais mesuré autant de gaz carbonique dans l’atmosphère qu’aujourd’hui (le fameux responsable principal de l’effet de serre). Nous battons le record chaque année. L’augmentation de la quantité de CO2 suit la courbe de la population humaine et a même tendance à s’accélérer.
Toutes les activités humaines se font actuellement dans la démesure :
Agriculture / Pêche / Déforestation / Exploitation des ressources minières et fossiles / Urbanisation…
- Un exemple avec la vitesse actuelle de la déforestation (forêts non gérées) : 40 000 stades de foot coupés chaque jour. LIEN
- Ou encore ce glacier au Groenland qui a fondu en 10 ans l’équivalent d’un siècle LIEN…
Bon, et alors ? Qu’est-ce que ça peut bien faire si les animaux sauvages disparaissent, à part décorer ils ne servent à rien si ?
Ici je vais juste citer la WWF, car on ne peut pas trouver de mots plus justes : « les différentes formes du vivant sont à la fois la matrice des écosystèmes permettant la vie sur Terre, mais aussi le baromètre de ce que nous faisons subir à notre planète, notre unique demeure »
En simplifiant il faut se représenter la fameuse « chaine alimentaire » ou les réseaux trophiques : Toutes les formes vivantes (animales et végétales) sont reliées entre elles directement ou indirectement. A chaque fois qu’une branche est abimée voire supprimée cela a des conséquences sur l’ensemble du monde vivant. Plus l’organisme touché a un rôle central, plus l’impact est puissant. Et nous sommes une pièce du système.
Bah, les animaux sauvages on a qu’à les mettre dans des réserves. Hop ! Problème résolu !
Citons toujours le dernier rapport de la WWF : en 40 ans, le nombre d’animaux a reculé de 18 % (même) dans les zones protégées !
Oui mais c’est les conséquences du passé tout ça, maintenant les mentalités changent, voilà les voitures électriques, les éoliennes…
Même si on imagine (par optimisme) une baisse des émissions de gaz à effet de serre prochainement dans les pays les plus développés, ces pays ne représentent que 17 % de la population mondiale. Dit autrement : 83 % des futurs consommateurs sont en train de le devenir ou le deviendront prochainement. Et ils y ont droit tout comme nous les « civilisés ».
En ce moment, on se félicite du nouvel « Accord du Conseil européen sur une politique énergétique et de climat la plus ambitieuse au monde« . En effet, les pays européens sont tous d’accord pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2030.
Dit autrement, des pays qui regroupent seulement 10 % de la population mondiale vont essayer de réduire d’un gros tiers leurs émissions en 15 ans… (Incroyable ! Quel effort ! Quelle ambition !)
Ceci dit, toutes proportions gardées, cela reste en effet l’un des gestes les plus exemplaires du moment. De son côté la Chine vient d’annoncer qu’elle n’augmentera pas ses émissions à partir de 2030, youpi, incroyable… Hélas l’actualité nous montre tous les jours comment sont respectés les traités et autres promesses…
Bon, dans tous les cas, moi j’ai fait ma part, je recycle, j’ai un composteur, je me chauffe au bois, je covoiture…
Toutes ces contributions individuelles sont certainement utiles à l’environnement mais ont un impact infime. En réalité, toutes les activités humaines sont de grandes émettrices de gaz à effet de serre, quand en plus elles ne détruisent pas directement l’environnement. Les initiatives individuelles sont à encourager mais ce sont des décisions internationales qui doivent être prises. Dans le mécanisme, le citoyen consommateur n’a quasiment aucun pouvoir pour faire évoluer les choses.
De toute façon, c’est l’argent le problème !
En effet, il ne faut pas chercher de coupable (tel ou tel pays qui pollue plus qu’un autre, etc…). La France par exemple, bien qu’étant un petit pays « civilisé », reste dans les 20 premiers émetteurs de gaz à effet de serre au monde (sur presque 200 pays). Nous ne montrons pas l’exemple.
Ce qui pose un véritable problème, c’est la manière dont fonctionne notre monde « développé », centré sur les fameuses « croissance » et « consommation » au dépend de toute autre chose.
Dans ce but simple, le système fonctionne très très bien: toujours sur la même période 1970-2010 le monde est passé de quelques dizaines à presque 4000 milliardaires (c’est l’un des indices de croissance le plus spectaculaire).
Mais le mécanisme oublie que toute cette richesse dépend du bon état de notre environnement qui fournit directement ou indirectement TOUTES les ressources. Avec ces ressources nous vivons et nous créons. Or, à l’heure actuelle, nos monnaies modernes ne contiennent aucune part environnementale. Seules quelques actions individuelles ou certains pays ayant un ministère de l’environnement restituent un minimum de richesse à celui-ci.
Bon, mais ya quand même pas mal de sous qui sont dépensés pour l’environnement non ?
Le ministère français de l’ Ecologie, du Développement durable et de l’Energie reçoit 3 % du budget annuel (presque 7 milliards d’euro en 2014). Cela fait deux ans que sa dotation baisse de 6 % et la baisse est déjà prévue pour les 2 années à venir. C’est d’ailleurs le ministère qui subit la plus forte baisse de budget. La priorité reste le soutien du « pouvoir d’achat », c’est à dire la consommation et la croissance. Dans le contexte actuel, on peut donc s’inquiéter qu’une nouvelle ministre de l’écologie (en poste que depuis quelques semaines seulement) se fasse limoger alors qu’elle critiquait justement la baisse du budget de son ministère.
Est-ce comme cela qu’un pays civilisé montre l’exemple ?
Il y a quand même un signe encourageant (un peu paradoxal) : l’une des priorités du gouvernement français pour 2015 est la « transition énergétique » et la « croissance verte »…
Bon mais 7 milliard d’euros pour l’environnement c’est quand même énorme non ?
C’est très relatif si on garde en tête que toutes les ressources proviennent de l’environnement. 3 % du budget d’un pays consacré à ce qui fait vivre toute sa population, est-ce beaucoup ? Et ce n’est pas forcément qu’aux Etats de rétribuer la Nature. Dans toute la richesse générée par le privé, quelle proportion est « rendue » pour préserver les ressources environnementales (à l’origine de toute richesse, directement ou indirectement) ?
- Que penser de l’exemple des fruits et légumes du Sud qui parcourent 1400 km pour rien ? Ils montent à la capitale pour rejoindre le marché de gros puis reviennent ensuite à leur point de départ pour être vendus.
- De même, que penser du bois qui parcourt 16400 km pour rien ? Il quitte la France pour partir en Chine et revient sous forme de parquet moins cher que le parquet local.
- Dernier exemple : les pommes de terre c’est 3 € le kilo en grande distribution quand ceux qui les produisent touchent 0,03 € / kilo… (100 fois moins). Ne serait-il pas plus logique que ce soit les producteurs, ceux en contact avec la ressource, qui soient le plus rémunérés, afin de la préserver ?
N’y a-t-il pas quelque part un problème évident dans la manière dont nos sociétés modernes fonctionnent ?
Bon mais ya bien des solutions concrètes non ?
Oui, le rapport en propose d’ailleurs plusieurs, elles reposent toutes sur le « bon-sens ».
Pourtant certaines sont de vrais tabous pour nos sociétés « modernes ».
- Protéger la Nature et reconstruire ce que l’on a détruit (tant que possible).
- Respecter l’environnement pour la production et la consommation de toute chose.
- Renvoyer la majeure partie des richesses vers la Nature (qui est la source de toutes les richesses).
- Partager et gérer durablement toutes les ressources entre tous les humains.
Bienvenue chez les bisounours quoi !
En effet. Impossible d’abandonner le système socio-économique pour un système socio-environnemental. Nous sommes très loin de la « croissance-verte » tant vantée.
1/ dans nos sociétés, une idée qui coûte de l’argent sans en rapporter immédiatement davantage n’est pas une bonne idée. Investir dans l’environnement ? C’est la dernière des choses à faire. La consommation et la croissance passent avant.
2/ les nombreux conflits entre nos différents peuples humains sont des freins puissants.
C’est un peu facile à dire tout ça.
Prenons l’actualité « environnementale » française toute récente (octobre 2014) : la taxe poids-lourds (écotaxe) est adoptée en 2013 à l’unanimité par tous les bords politiques (chose très rare), car c’est du pur bon sens. L’un de ses objectifs était de ré-aiguiller les trafics routiers vers le train ou le bateau. Un an plus tard elle est supprimée car cette idée « va coûter beaucoup d’argent » (argument prononcé tel-quel par la ministre de l’écologie).
Pourtant, les pays « civilisés » devraient montrer l’exemple aux pays en développement, en innovant pour l’environnement. Cela semble logique. Le deuxième argument de la ministre est le suivant : « cette taxe n’existe nulle part en Europe », donc ce n’est pas une bonne idée.
Autre exemple : cela fait également 40 ans qu’un brillant économiste (James Tobin, prix Nobel d’économie) a suggéré de taxer les transactions financières. A elle-seule, cette taxe guérirait tous les mots de nos sociétés modernes et pourrait certainement financer de grandes avancées environnementales. Aujourd’hui en 2014, cette taxe n’est toujours pas appliquée (ou sous une forme très partielle) car elle coûte de l’argent, certainement 😉 . Et si on creuse, on se rend compte que c’est la France, notre beau pays civilisé basé sur la croissance, qui bloque son application…
Donc en gros, l’argent est à la fois le problème et la solution ?
Oui, on peut même dire que c’est de l’argent que va venir la solution : à en croire les météorologistes, notre « mère Nature » devrait nous forcer à changer nos habitudes assez prochainement. Le changement climatique va avoir des répercutions puissantes sur nos sociétés (un bel exemple cette année avec 10 alertes rouges météo en seulement 2 mois dans le sud de la France). Et cela va donc « coûter de l’argent », même beaucoup d’argent (500 millions d’euro rien que pour le premier épisode cévenol à Montpellier).
Le plus triste c’est que la seule chose qui fera réagir les gouvernements, c’est lorsque notre impact sur l’environnement sera tellement profond qu’il aura un impact sur l’économie. Tant que ce n’est pas le cas, on se contente d’avancer tout doucement, sans dépenser…
C’est d’autant plus triste que la « croissance verte » est certainement possible. Consommer en maîtrisant les ressources, viser l’équilibre…
Désolé mais je n’y crois toujours pas, t’es pessimiste, à mon avis c’est pas si grave qu’on le dit.
En effet, nos supermarchés restent bien pleins, nos maisons bien chaudes et nos pays de plus en plus riches. Comme dit plus haut, le système fonctionne parfaitement.
Et comme dit la chanson de Bia « l’échelle de la douleur » :
« On commence à croire au tremblement de terre
Lorsque la télé tombe de l’étagère… »
Notez qu’à tout ce qui a été évoqué dans cet article, il faut ajouter (entre autres):
- les plantes (la diversité du monde végétal subit de lourdes pertes),
- les déchets produits par les humains qui sont un autre énorme problème, dont la pollution des océans,
- les pertes et gaspillage de nourriture : d’après l’OMS, 40 % de ce que l’on produit est directement jeté (LIEN),
- …
Plusieurs scientifiques de renom s’accordent à dire que nous sommes au début de la 6ème extinction massive qu’aura connu la Terre. Leurs résultats sont publiés dans la fameuse revue Nature.
Et d’après d’autres scientifiques, il est probable que le futur ne retienne seulement de notre époque qu’elle fut le « poubellien-supérieur »…
Je partage ici une vidéo que m’ont envoyée des étudiantes en première année d’école de culture générale en Suisse, ayant pour projet de sensibiliser le plus de personnes possible face aux conséquences du réchauffement climatique… Ne lâchez rien les jeunes, continuez comme ça et restez motivées ! 😉
Améliorer le monde ne prend qu’une seconde
https://youtu.be/U3yrdl-Uj1s