Elever des fourmis, et plus précisément des Crematogaster scutellaris…
L’élevage de fourmis, une passion…
Fort de ma petite expérience (cela fait une dizaine d’années que je garde chez moi ces petites bêtes), je me décide enfin à donner mon avis sur l’élevage des fourmis. Le terme scientifique pour l’étude des fourmis est « myrmécologie » (une branche de l’entomologie).
L’élevage des fourmis est facile !
Il prend peu de place et demande peu d’entretien. Il est cependant important de bien choisir l’espèce à élever même si la plupart des fourmis sont omnivores.
Le paramètre le plus contraignant pour tout myrmécologue est en fait l’eau : la plupart des espèces de fourmis nécessitent de vivre dans un environnement humide (dans la nature, elles vivent sous une pierre, entre des racines, dans une branche ou directement sous-terre). Nos logements (nos nids à nous) étant relativement sec en général (10 à 20 % d’humidité), rares sont les espèces qui s’y accommodent sans système d’humidification.
Du coup, il est impressionnant de voir par exemple sur Internet la quantité d’idées qui sortent de la tête des éleveurs de fourmis : des milliers de commentaires sur les forums (Akolab, Acidformik) fourmillent d’astuces pour garantir une certaine humidité dans les fourmilières artificielles. Moi-même j’ai largement testé, expérimenté et échoué (mort de colonies, développement de moisissures, de parasites, fonte du nid…) pour finalement en venir à se constat : il faut choisir une espèce à élever qui à peu de besoin en eau, ou même pas du tout !
Beaucoup d’espèce sont promises aux débutants, c’est le cas des Lasius niger (les petites fourmis noires universelles), il y a aussi les Myrmica rubra (les fameuses fourmis rouges) et les Messor barbarus (les fourmis moissonneuses). Cependant, toutes ont une dépendance assez importante vis-à-vis de l’eau.
Le terme scientifique pour décrire un organisme qui s’accommode bien de la sécheresse c’est Xérophile. Et si on cherche sur le Net « fourmis xérophile » voir même « fortement xérophile », on fini par tomber sur les fameuses fourmis du midi : Crematogaster scutellaris.
Pourquoi élever des Crématogaster scutellaris ?
- Le nid ne nécessite pas de système contraignant d’humidification (ces fourmis se procurent l’eau qui leur est nécessaire via leur alimentation, on peut néanmoins leur installer un abreuvoir).
- Les Crématogaster scutellaris sont omnivores et assez bonnes chasseuses si elles ne sont pas trop nourries (tout insecte déposé dans l’air de chasse / récolte finit rapidement par disparaître ! Elles le découpent très finement !).
- La colonie est très prolifique et les ouvrières très actives.
- Les Crématogaster sont des fourmis ‘propres’, elles nettoient constamment l’intérieur de la fourmilière (ce qui n’est pas le cas de toutes les espèces) et forment de petites ‘décharges’ le plus loin possible de l’entrée du nid.
- Elles sont sympa (mais ça c’est subjectif), avec leur tête ronde et rouge vif et leur abdomen noir brillant en forme de cœur.
Construction de la fourmilière artificielle
Dans le sud de la France, les Crématogaster scutellaris vivent dans des gales et sous des écorces (du chêne-liège par exemple), dans des branches mortes, dans des vieilles souches souvent très ensoleillées (elles ne sont pas xylophages mais creusent facilement des galeries dans les bois tendres). En plus d’être xérophiles, ces fourmis sont thermophiles.
Après plusieurs essais, un bon compromis pour l’élevage consiste à remplir une boite d’une couche de plâtre, de poser une vitre par dessus avant qu’il prenne, puis de creuser des galeries dessous (3 à 5 mm de profondeur) tout de suite après la prise tant que le plâtre est « friable ». Certaines loges plus profondes peuvent accueillir quelques petits morceaux de bois (cf. photo). J’envisage de construire un nid avec d’avantage de bois mais je cherche encore des idées.
Plus de détail sur le nid ici
Conditions d’élevage
- nourriture : insectes variés (mouches, abeilles, grillons, sauterelles), elles raffolent des araignées (plus tendres), vers de farine (elles arrivent à les découper si elles ont bien faim), miel mélangé à de la farine (évite les engluages), viandes, œuf cuit, liquides sucrés… Bien entendu, plus la nourriture est variée, plus la colonie se développe (pas besoin alors de complément de minéraux / vitamines).
- Humidité : aucune, on peut de temps-en-temps mettre un abreuvoir à leur disposition dans l’air de récolte (un tube rempli d’eau, fermé par un bouchon de coton hydrophile bien serré).
- température : la température ambiante convient mais la colonie est plus active si une partie du nid atteint les 30°C (cf. ci-après).
- entretien : il est possible de retirer de temps en temps une mini-décharge, mais les Crématogaster Scutellaris ne laissent pas trainer de gros morceaux.
Le chauffage de la colonie
Il n’est pas obligatoire, mais installer une petite ampoule de 20W avec un programmateur journalier d’une dizaine d’heure (12h – 22h par exemple) à une dizaine de centimètres au dessus du nid permet d’obtenir une température journalière est localisée de plus ou moins 30°C (en ne coutant que 6 ou 7 € à l’année ! donc pas de quoi s’en priver). L’intérêt d’une petite ampoule comme ça c’est qu’elle crée un gradient de température dans le nid, les fourmis vont alors installer leurs couvain là ou la température leur convient le mieux, comme si la fourmilière était exposée au soleil. Chauffer le nid permet de raccourcir la durée d’incubation des oeufs / larves et rend les ouvrières beaucoup plus actives et voraces !
Choses à voir avec les crémato
- Lorsqu’elles se sentent menacées ou qu’elles tombent sur une proie, les ouvrières se contorsionnent et disposent leur abdomen au dessus de la tête en ouvrant grand les mandibules. Parfois, elles sécrètent alors une goutte d’acide formique.
- Pour signaler de la nourriture, ces fourmis sont très habiles pour marquer la piste et recruter rapidement de la main d’œuvre.
- La manière dont elles découpe finement chaque proie et remarquable (ce n’est pas le cas de toutes les espèces).
- Si on dispose de temps en temps une source d’eau, les ouvrières qui la découvrent se gonflent du liquide (on voit nettement les joints de leur abdomen apparaitre), puis elles rentrent vite au nid pour donner de l’eau à tout le monde, on voit alors jusqu’à 4 – 5 ouvrières en trophalaxie collective ! (la trophalaxie est un échange de nourriture entre ouvrières, une forme de bouche-à-bouche entomologique).
Voilà des liens vers deux grands forums de discussion autour des fourmis, pour tout savoir sur les espèces, les élevages, les astuces et plus encore (sur les deux mon pseudo c’est zampaï) :
- www.myrmecofourmis.org
- www.akolab.com : Je laisse ici ce lien pour les souvenirs qu’il m’évoque car j’ai beaucoup apris et contribué sur ce forum (le premier et le plus grand forum français traitant des fourmis et de leur élevage). Il vient hélas de fermer.
Un blog très intéressant dédié aux Crématogaster Scutellaris : crematogaster.blogspot.com
Bonjour Zampaï,
On trouve les crematogaster scutellaris le long de la vallée du Rhône jusqu’à Montélimar, dis-tu. Il faut rajouter au moins 40 km au Nord, à Valence. J’habite à proximité de Valence et j’ai dans ma propriété un tronc d’arbre couché au sol qui fourmille de milliers de crematogaster scutellaris. Elles ont l’air en pleine forme parce qu’elles gagnent du terrain. Je m’explique: En automne l’année dernière j’ai abattu plusieurs arbres, j’ai débité les grosses branches et le troncs en bûches que j’ai mis à sécher en piles, à 2 mètres du tronc couché colonisé . Depuis le début de l’été j’ai remarqué que pas mal de bûches étaient perforées de petit trous où de temps une crematogaster venait jetet une particule de bois. Ça faisait de petits tas de sciure au bas de ma pile de bois. Donc , contrairement à ce qu’on lit sur certains sites , les crematogaster scutellaris ne se contentent pas de fissures ou de cavités déjà existantes, mais forent de nouvelle galeries dans du bois bien compact et sain, séché depuis quelques mois seulement. Comme il y a plusieurs bûches perforées et qu’elles sont à 2m du tronc couché, je me demande si:
– chaque bûche est une nouvelle colonie avec chacune une reine,
– ou bien s’il s’agit en quelque sorte d’annexes de la grande colonie du tronc couché qui semble surpeuplé , même si ces annexes en sont séparées par deux mètres de sol herbeux.
L’aspect plus pragmatique de cette affaire, c’est que que je comptais sur ces bûche pour les rentrer dans le bûcher pour me chauffer pendant l’hiver qui viendra bientôt. Comme je ne veux en aucun cas brûler vives les fourmis dans mon poêle, ni les entroposer dans ma remise ou elle pourraient perforer les solives ou les planches du plafond (jai constaté qu’elle perforent le bois sec et sain), je veux trouvet un moyen de les déloger sans les tuer. J’ai pensé mouiller un bout des bûches avec du vinaigre, après les avoir posées sur les souches des arbres abattus (restées en terre) de façon à ce qu’elles aient un autre masse de bois mort où s’installer.
Est-ce une bonne idée?
Merci pour ton « long » message. En effet les fourmis remontent vers le Nord, et le bouleversement climatique du moment aide bien.
Ce n’est pas possible de déloger les fourmis sans les tuer. Je dirais que la meilleure solution est d’entretenir cette belle biodiversité. Pourquoi ne pas « rendre » quelques buches à la nature ? Par exemple voici ce que je pratique : je laisse 8-10 bûches empilées au pied d’un arbre pour accueillir insectes, souris, lézards voire hérissons selon la taille du tas. Ca marche aussi pour les fourmis. Et ça donne un côté « champêtre » au jardin, très joli (et gratuit).
Voici deux liens sympas pour finir de se convaincre :
https://cbiodiv.org/accueillir-la-biodiversite/tas-de-bois/
http://www.jardinsdenoe.org/le-tas-de-bois/
Bonjour! Merci pour votre article très interessant, j’ai cependant un problème avec mes crematogaster : Je leurs donne de la nourriture de bonne qualité régulièrement ( viande, insectes et liquides sucrés), la colonie se développait bien, on commençait a atteindre les 40 ouvrières en 2 mois mais soudainement, les morts commencent a se multiplier, je ne comprend pas pourquoi car j’ai bien géré l’humidité ( un peu sec mais avec de l’eau a disposition ) et j’ai bien géré la nourriture, pourtant, les morts continuent… Pourriez vous m’expliquer pourquoi y’a t-il des morts et que faire pour que cela cesse ?????
Il est très difficile de vous répondre. Quelque chose a changé dans leur environnement ? Dans la pièce ? Un produit diffusé ? Une peinture (solvant) ? Ou alors elles ont attrapé une maladie (champignon parasite) ? La taille de fourmilière est bien adaptée (pas trop grande) ? Ca arrive hélas de brusquement voir péricliter une colonie. et ce n’est pas toujours simple de comprendre pourquoi, un peu comme en apiculture.
Salut, la messor capitatus est une espèce dite xérophile. Penses-tu que l’on peut les installer dans un nid sec ou quasiment sec sans trop se préoccuper de l’hygrométrie? J’ai eu l’occasion d’observer des nids de messors dans la nature à plusieurs reprise et peut importe la sous espèce (capitatus, barbarus et minor) elles vivaient toutes dans des sols extrêmement sec (précipitation : 300-400mm/an). Je vois beaucoup d’éleveurs de fourmis humidifier régulièrement leurs nids de messors à l’extrême et je ne suis pas certain que ce soit vraiment représentatif des conditions qu’elles ont dans leur milieu naturel.
J’ai remarqué que la reine Messor a toujours besoin d’un coin humide. Les Messor ne sont pas aussi xérophiles que les Crématogaster par exemple qui vont fuir une fourmilière humide. Personnellement pour faire déménager mes Messor d’un nid à l’autre, j’assèche le premier, ça répond en partie à la question. Il ne faut pas oublier que sous terre, il y a toujours un peu d’humidité. C’est trompeur par rapport à la surface.
Est ce que les crématoriums meurent sans leur reine?
Je ne l’ai pas ramassé au début
Je ne comprends pas trop la question. Il faut une reine dans une fourmilière oui, sans quoi les ouvrières finissent plus ou moins rapidement par disparaître.
Bonjour, je trouve votre blog super.
Voici ma question:
J’ai fait l’achat d’une fondation de fourmis crematogaster mais je les ai reçu dans un bout de plastique, alors je les ai déplacé dans un tube a essai de fondation avec de l’eau au bout (il est ouvert sur une aire de chasse avec eau et nourriture à l’autre bout) et depuis, rien ne se passe… la reine et ses ouvrières ne bougent pas, je suis même pas sûre qu’elles mangent ou boivent… Il n’y a pas de ponte non plus… Que dois-je faire?
Avec les fourmis, le premier apprentissage c’est la patience ! C’est très difficile de de savoir si les fourmis mangent ou pas. Dans mes élevages, un simple demi-morceau de sucre dure 6 mois ! Il faut distribuer de la nourriture diverse dans l’air de chasse (sucre, miettes, insectes, minuscules bouts de viandes à l’occasion). Les fourmis se serviront. L’essentiel est de faire en sorte qu’elles se sentent bien, donc protégées, et qu’elles aient toujours de l’eau à disposition (ce sont des animaux). Après, il faut patienter. C’est quand même assez normal que le voyage plus le déplacement forcé dans un nouveau tube bouleverse un peu la colonie. Enfin, février n’est pas vraiment la période de ponte maximale chez les fourmis. Dans mes élevages, la ponte de la reine redémarre à fond au printemps quand la température et la nourriture sont correctes. Patience donc !
Je viens de trouver une reine crematogaster dans une petite branche d’arbre avec ses oeufs et je l’ai mis délicatement dans un tube à éssai avec du coton et de l’eau au fond. Je voulais savoir si c’est obligatoire de la metre dans l’armoire au noir ou si la lumiere du jour dans l’appart pouvait lui convenir aussi ?
Je pense que les deux conviennent mais pour une « fondation », plus la reine est tranquille, mieux c’est.
Merci pour votre offre mais il est très peu probable que vous trouviez la reine en question !
J’ai une colonie très envahissante de fourmis Crématogaster dans mes combles, j’adore les animaux mais je donnerai volontiers mes fourmis et leur reine.
Si quelqu’un est intéressé !!! J’habite prés d’Avignon…
Pour toto37 : Non, les crematogaster scutellaris sont des fourmis qui aiment la chaleur, on les trouve dans le sud, autour de la Méditerranée, et le long de la vallée du Rhône jusqu’à Montélimar.
Pour Nono : Elever une colonie locale est très interessant : avoir chez soi l’espèce que l’on peut observer en conditions naturelles est très instructif. Cependant, certaines espèces sont plus exigeantes que d’autres, en humidité, nourriture…
On trouve plein d’infos sur les gros forums dédiés du Web, par exmple les espèce qui vivent dans les Vosges et leur besoin en humidité.
Et « non », ce n’est pas si difficile de maintenir un minimum d’humidité, j’ai choisi ici les Crématogaster car ça enlève cette contrainte.
Pour l’éthique, il faut savoir que certaines espèces sont protégées…
Des sites vendent des fourmis, mais pour débuter, c’est bien plus sympa de trouver une reine dans la nature !
j’aimerais me lancer dans la memer…mymer…myrme….heu, enfin,comme vous, quoi! !!!
Non mais sans rire, est-ce vraiment si compliqué de Garder une certaine humidité ? parce que je suis Vosgien et j’aimerais élever une colonie locale, et les Vosges, ben c’est humide (même souvent mouillé) et un peu plus frais que le sud.
Sinon, est-ce facile de s’en procurer ? à quel prix ? (on m’a dit que certains donnent des gynes?) et-pis éthiquement, ça l’fait ???
merci de m’ éclairer de vos connaissances avisées.
Est-ce que ces fourmis on les trouve dans le centre de la France en Touraine et sinon où les trouver ?